Le département danse du Conservatoire de Strasbourg est en deuil.
La merveilleuse et atypique danseuse étoile de l’Opéra de Paris, Wilfride Piollet, avec qui nous avions tissé des liens étroits, nous a quittés pour les étoiles du ciel le 20 janvier 2015.
Nommée étoile en 1969 dans le rôle d’Études de Harald Lander, elle fut l’interprète remarquable des grands rôles du répertoire classique avec son époux et danseur étoile de l’Opéra de Paris, Jean Guizerix (Giselle, Lac des Cygnes, la Belle au Bois Dormant…) et aussi des ballets des chorégraphes du XXe siècle (Georges Balanchine, Serge Lifar, Jérôme Robbins, Paul Taylor, Maurice Béjart…), de 1960 à 1988 à l’Opéra de Paris. Sa carrière d’interprète internationale s’est étendue jusqu’en 2003.
Son amour pour la danse, son esprit d’ouverture hors du commun et sa curiosité artistique lui firent aborder la danse baroque et les créations des chorégraphes contemporains (Merce Cunningham, Andy Degroat, Dominique Bagouet, Luchinda Childs, Daniel Larrieu…).
Avec son époux et partenaire sur scène, le danseur étoile Jean Guizerix, ils fondent la compagnie Piollet-Guizerix en 1986. Ils signeront plusieurs chorégraphies et permettront à bon nombre de leurs amis artistes de s’exprimer dans ce cadre.
C’est en 1973, durant la création d’Un Jour ou Deux et d’un cours du même grand chorégraphe Merce Cunningham, que Wilfride Piollet remarque une aisance insoupçonnée dans ses mouvements pendant la répétition du Lac des Cygnes qui suivit. C’est à partir de ce moment là et durant plus de quarante ans qu’elle mettra en place une méthode particulière et novatrice d’échauffement du danseur qu’elle nomme « barres flexibles » en hommage au poète et grand ami du couple René Char.
De 1989 à 2008, elle enseigne sa méthode et le répertoire au CNSMD de Paris et fait connaître les pas de l’école française du XIXe siècle (Michel St Léon, Henri Justamant…).
C’est en 2009, à l’instigation de Marie-Claude Ségard, alors directrice du CRR de Strasbourg et de Jean-François Duroure, alors responsable du département danse, que le Conservatoire bénéficie de cette méthode des « barres flexibles ». La formation à cet enseignement a perduré et s’est enrichi de la connaissance du vocabulaire des pas de l’école française du XIXe siècle grâce au soutien et avec l’approbation de Vincent Dubois, successeur de Marie-Claude Ségard, et jusqu’à la disparition de Wilfride Piollet.
De cette relation intense avec l’artiste Wilfride Piollet sont nés plusieurs projets et créations avec les professeurs et les élèves du CRR de Strasbourg :
- 2009 : Près du Moulin de Jerry en collaboration avec Jean Guizerix, costumes Wilfride Piollet ;
- 2010 : conférence sur l’entraînement du danseur ;
- 2010 : Solstice chorégraphique, Au Hasard de Merce avec les professeurs (de musique et de danse) et les élèves du CRR de Strasbourg ;
- 2011 : Giselle et nous, conférence dansée ;
- 2011 : Les Barres Flexibles, dans le cadre du colloque autour de Rudolf Laban avec les élèves et leurs professeurs du Conservatoire de Strasbourg.
Wilfride Piollet et Jean Guizerix ont également été invités pour des master-class et des stages organisés pour l’ensemble des élèves danseurs du conservatoire durant toutes ces années.
Nous avons une pensée profonde pour Jean Guizerix, Rémy leur fils, leur famille et amis proches avec qui nous partageons cette grande peine.
Nous n’oublierons jamais la grande générosité, la présence rayonnante, élégante, joyeuse, pleine de vie et d’esprit de cette grande dame de la danse.
Distinctions :
- En 1989 elle est nommée Commandeur dans l’Ordre national du Mérite ;
- En 2008 elle est membre du Conseil de l’Ordre National du Mérite ;
- En 2010 elle devient vice-présidente du Pôle Supérieur d’enseignement artistique Paris Boulogne-Billancourt (PSPBB).
Article du Nouvel Obs : Wilfride Piollet : la plus rayonnante des étoiles
Article du Nouvel Obs : Le monde de la danse rend hommage à l’étoile
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